samedi 19 avril 2008

Audience captive


Prendre la parole en public n’est pas simple. Mais comment assurer la mise en valeur du message de fond que l’on souhaite communiquer ? Comment captiver l’audience ? Quel est le secret de ces personnes si charismatiques que chacun admire le temps d’un ‘one man show’ ?
Si l’on repense à une personne qui a marqué l’esprit lors d’une présentation exceptionnelle… immanquablement, on constate une prise d’espace extraordinaire. Cette prise d’espace s’articule sur trois dimensions cimentées par un étayage.


  • La dimension Vocale est essentielle. Une personne qui n’est pas entendue n’est pas écoutée. Les techniques de théâtre apprennent très tôt à prendre d’amples respirations, à travailler la cage thoracique et à diriger ses paroles vers le public. Le timbre quant à lui, véritable couleur du "son vocal", a une importance non négligeable. Je ne me souviens pas personnellement d’avoir apprécié une présentation faite par une personne enrouée, même accompagnée de slides[1] de très bonne qualité.

  • L’argumentaire est ce qui doit vous préoccuper le plus : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement [2]». J’aime à dire que si un message est ‘powerpoint deep’[3], il ne sera bon qu’à vendre du slideware[4]. Le présentateur est vite catalogué (quelques minutes) si son fil conducteur n’a pas rallié l’attention. Comme dans la vente, il faut veiller à couvrir les réponses aux objections, à tenir un discours irréfutable, à ne jamais reprendre des arguments ou des mots gênants. Les animations et les effets humoristiques sont à saupoudrer avec prudence et modération. Je conseillerais au débutant de préférer le marquage sur autre support (par exemple le flip-chart) qui a la faculté de s’incruster dans la mémoire des personnes attentives. Finalement, l’argumentaire nécessite une conclusion solide et mémorisable (succincte, compréhensible et sans nouveau développement).

  • La prise d’espace physique : que ce soir dans le regard, la gestuelle ou la respiration, la présence de l’orateur doit être incontestable. Elle nécessite parfois une préparation mentale. Sans verser dans une typologie abusive, il est parfois utile de s’imaginer boxeur face à son adversaire, le chevalier face au dragon. La peur des premières minutes passera mais il faut s’y préparer en travaillant son introduction. La prise d’espace adaptée (peut-on parler de normalité ?) l’emporte sur un comportement abusif (attention de ne pas regarder les gens de haut) ou, au contraire, rétracté (rien de pire que les mains dans les poches ou encore que des bras croisé).

Mais ces quelques ingrédients ne sont pas les conditions nécessaires et suffisantes pour disposer de la recette et du savoir faire. Il n’existe malheureusement (heureusement) pas un moule tout fait, prêt à dupliquer un modèle d’exception.
La présentation est un art tout en couleur. Et seuls le travail et l’expérience forgent l’artisan.
En parlant d’artisanat, il est bon de se rappeler que les anciens égyptiens écrivaient le mot « artisan » en hiéroglyphe : « celui qui fait vivre ».
Le ciment de cette vie n’est autre que la respiration. Car faire une présentation n’est pas une course et les silences ont parfois autant d’importance que les moments de parole !


[1] Diapositives
[2] Boileau
[3] Powerpoint deep = a la profondeur d’un powerpoint
[4] Par analogie au hardware ou au software ou même à Tupperware !