vendredi 8 juillet 2011

Paresseux, tous à vos claviers !

Publication PaperJam édition juillet aout 2011

Diane Baertz-Kauffmann, VP Human Resources, pose la question suivante «Comment inciter les collaborateurs/trices à s’approprier les solutions et logiciels RH mis à leur disposition (self-service, intranet,…) plutôt que de continuer à solliciter les responsables des ressources humaines en face-à-face ? Comment réussir au mieux cette phase de transition sans perdre les échanges directs avec les collaborateurs/trices ? »

La paresse est souvent un réel moteur du labeur, la source de beaucoup de motivations. Comme disait Rousseau, « c'est pour parvenir au repos que chacun travaille ». Et si l’on parle de motivation avec un scientifique, après la satisfaction de besoins biologiques, les premiers plaisirs trouveraient leur source dans des conduites par lesquelles un individu gagne de l’autonomie.

Alors, comment limiter les petites promenades touristiques au RH ? Car le face à face est un luxe, vous souhaitez que l’on se plie aux SUPER outils à disposition. Ce n’est pas faute de rappeler le précepte Darwiniste: ceux qui survivent (à la crise) ne sont pas les plus forts, ni les plus intelligents, mais ceux qui s'adaptent le mieux aux changements.

Observons les ados. Qu’est-ce qui les motive à user et abuser des outils modernes dont la vertu se trouve dans l'amélioration de la diffusion de l'information ? Car ils jonglent avec et participent à la mise en place de nouveaux mécanismes de circulation de l'info, naturellement, sans notion d’effort et en prenant plaisir. Réussir à reproduire cela au sein de l'entreprise, en ciblant le travail, avec un cadre formel et sécuritaire, c’est bingo !

Loin de s'effacer, les RH doivent accompagner et faciliter cette nouvelle donne. Cette transition est non seulement nécessaire mais elle constitue une nouvelle source de légitimité. Votre collaborateur doit percevoir l’enjeu, découvrir la valeur ajoutée, l’efficacité qu’il atteint, les avantages personnels, bref il sera convaincu d’être gagnant. Et il faudra suivre ce déploiement, lever les équivoques, dissiper des inquiétudes inhérentes à toute nouveauté. Viendra le plaisir, l'appropriation, l’autonomie tant attendue.

Et de donner le coup de grâce aux anciennes pratiques, les rendre complexes ou lourdes.

Ah, j’oubliais de préciser : votre SUPER outil doit avoir de réels SUPER atouts, les collaborateurs ne s’y trompent pas !

samedi 5 février 2011

La sécurité : un paradoxe qui mène à l’apocalypse ?

La quête de sécurité est intemporelle. L’Homme s’est toujours mis en recherche de rassurantes certitudes qui contrastent avec le mystère de la vie. En assurant sa sécurité l’individu cherche la situation présentant le minimum de risques ou de dangers pour y trouver la quiétude et l’état de confiance.
Ce sentiment n’est pas toujours bien fondé, car chacun véhicule avec soi ses angoisses les plus profondes, ses mauvaises habitudes et tout un vécu qui relativise la notion de sécurité.
A la recherche de la sécurité ultime dans tous les domaines, nous tentons de protéger nos avoirs derrière des forteresses. Ces dernières étaient de pierre il y a encore quelques centaines d’années, elles sont devenues métalliques à l’ère industrielle et sont aujourd’hui numériques à l’heure du tout internet. Le rempart s’est donc sophistiqué, est devenu de plus en plus complexe. Mais nos secrets sont-ils pour autant plus en sécurité ?
Cette question est d’autant plus pertinente que naissent vite des syllogismes du type :
Plus il y a de sécurité, plus il y a de failles.
Or plus il y a de failles, moins il y a de sécurité.
Donc plus il y a de sécurité, moins il y a de sécurité !
Ce raisonnement simpliste met en lumière un paradoxe de l’évolution : les données à caractère personnel d’une personne physique ou morale n’ont jamais été aussi vulnérables. Et si certains ont décidé de répandre leur vie sur Facebook, d’autres souhaitent maîtriser leur image et leurs informations personnelles, protéger les renseignements qui ne regardent pas tout le monde. Ce n’est pas tant l’évolution de la nature des informations que la capacité de la rechercher (et de la trouver indûment) qui pose le problème du Big Brother. Et cela prend encore une autre dimension dans un régime de type totalitaire, là où la liberté d'expression en tant que telle n’existe plus.
Alors…risquons-nous l’apocalypse de tous nos secrets? Car faut-il le rappeler apocalypse vient étymologiquement du verbe grec καλύπτω, kalúptô (« cacher »), précédé de la négation ἀπό ápó. Littéralement donc l’apocalypse c’est « dé-cacher », et donc par extrapolation, « dévoiler au yeux ».
Le passé nous a démontré qu’il n’y a pas de construction humaine qui reste impénétrable à l’intrusion d’autres hommes. Il « suffit » de laisser faire le temps !
Comme en convient Laurent Joffrin (Libération), dans son ouvrage sur la grande histoire des codes secrets, « la vérité n’est pas hors d’atteinte et une patiente réflexion y conduira ». La quête de la sécurité de l’information est donc une quête de longueur d’avance par rapport aux autres, induisant la notion temporelle mais aussi la notion de technique et de bonnes pratiques. C’est un service que proposent les coffres-forts virtuels dignes de ce nom, ceux qui garantissent l’inviolabilité du contenu et non un vague concept d’opacité.
Votre forteresse digitale est réputée inviolable, parfait ! Mais comme me le rappelait un auditeur en sécurité qui avait tout compris: le risque est l’exploitation d’une vulnérabilité par une menace.
Concluons donc qu’il est certes bon de renforcer les maillons de votre chaîne de confiance numérique mais il est essentiel de penser aux menaces. Car vos bastions numériques modernes n’éprouveront le temps que si les niveaux de discrétion qu’ils peuvent vous offrir sont forts !

Texte publié dans le journal AGEFI Janvier 2011