vendredi 22 août 2008

Kairos du hérisson

J’aime les mots. J’aime lire quelques termes désuets, quelques expressions inusitées. Je me délecte d’un vocabulaire riche sous-tendu par un texte à la trame poignante. Je suis en admiration face aux auteurs qui manient ma langue maternelle avec brio.
Et dans cet univers d’évasion, je découvre d’étranges fixations : certains thèmes attirent immanquablement mon attention au fil des lectures. Certains termes m’interpellent, m’invitent à comprendre leur sens profond, leur symbolisme.

Me voilà dans une lecture intéressante, chipée sur la table de nuit de mon épouse. L’élégance du Hérisson de Muriel Barbery. Ouvrage d’éruditions, simple et beau.
Je ne pensais pas y trouver matière à méditer et pourtant les nombreux Kairos évoqués m’ont laissé pensif.

Le Kairos est défini sur Wikipedia comme « le temps de l’occasion opportune ». C’est en somme une dimension qui offre une profondeur à l’instant placé dans la notion linéaire du temps. Qui dit « opportune » dit que cela viendra à propos. Seul un sens averti perçoit cette partie de l’instant qui recèle potentiellement le socle exploitable par le traqueur du ’bon moment pour agir’.

Et de me rappeler des devises de Management Consultant : ‘ne pas être opportun mais saisir les opportunités’. Concept machiavélien par excellence que les jeunes loups aux dents longues ne manqueront pas d’acquérir pour établir une position dominante dans la meute.
Des fauves dans une même cage et l’environnement, la vie, les relations sont des luttes permanentes, c’est le ‘struggle for life’. Poussé à son paroxysme, cette lutte professionnelle n’offrirait que de tristes perspectives, menant à terme à l’échec. Car les rapports humains ne se résument pas à un combat, une démarche militaire qui vise à terrasser l’ennemi, à vaincre, à détruire voire même tuer. La vie ne se résume pas à un jeu d’échecs. Ce n’est pas en détruisant l’autre qu’on s’impose et que l’on construit son espace de sécurité.

La beauté d’un Kairos saisi rayonne si les aspects moraux qui l’accompagnent ont été pris en considération. Mais il faut y parvenir AVANT et PENDANT, dans une dimension où Chronos n’a plus d’emprise.
L’AVANT se travaille et nécessite bien entendu de l’entraînement pour toucher à la force. Il faut alors prendre une décision de croire, de savoir que les objectif seront atteints, que le but sera touché. Etre persuadé, convaincu, décidé et déterminé. Construite un socle de béton qui enferme nos croyances. Une base qui ne peut vaciller sous le tumulte des tempêtes à venir. Chacun a en soi cette capacité de s’auto-influencer. On peut parler d’une manipulation personnelle (de plein gré) qui ouvre la porte à une autre dimension.
Le sport olympique nous permet actuellement de découvrir la splendeur de nombreux Kairos saisis. Sans le dopage, les meilleurs athlètes vous en font la démonstration aux Jeux de Pékin.

La préparation, l’entraînement, la répétition, la simulation mentale et puis le moment unique qui en se combinant à l’effort donne l’exploit.

J’aime les mots. Le Kairos du hérisson m’a fait rêver !

jeudi 14 août 2008

Mode Protection

Après le choc, la convalescence.
Jour après jour, je me soigne. Si je compte sur la médecine pour soigner mon corps, je n’ai pas attendu longtemps pour m’astreindre à une hygiène intellectuelle, presque quotidienne. Ce remède personnel vise à soulager et à prévenir toute baisse de moral. Il est de composition simple : recherches, lectures, écritures, réflexions, échanges avec des amis et des personnes de confiance.
Si le corps reprend des forces, il conserve une empreinte indélébile visible sur une simple radiographie. L’esprit est également marqué même si ce n’est pas visible par un simple regard. Ce n’est pas une cicatrice ni une ligne de fracture. Ce ne sera pas un point synonyme de faiblesse locale. J’en ai voulu autrement. L’épreuve n’est pas, et ne sera pas, intellectuellement douloureuse grâce à ce traitement psychique que je me suis prescrit. Ce sera de l’expérience gagnée, une force.

Nicolas Machiavel (Florence, 1469- 1527) partait du principe qu’il faut exploiter la situation pour imposer des changements profonds, rapides et irréversibles à une société éprouvée par un désastre. Le théoricien italien de la guerre et de la politique considérait le choc comme le moment idéal pour échapper durablement à la tyrannie du statu quo.
Il suffirait d’une simple variation sur ce thème pour amorcer un grand changement dans ma vie. Mais il me paraît trop facile d’encourager le fatalisme et de justifier ainsi des mesures rigoureuses. Aucune métaphore liée à la maladie ne serait ici innocente car je ne suis pas malade mais sur un chemin du rétablissement. Diderot faisait d’ailleurs dire à Jacques (le Fataliste) : « faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait ni ce qu’on veut ni ce qu’on fait, et qu’on suit sa fantaisie qu’on appelle raison, ou sa raison qui n’est souvent qu’une fantaisie qui tourne tantôt bien, tantôt mal ». Mes lectures me montrent à quel point la notion de choc est contradictoire avec des notions intemporelles auxquelles je suis attaché.
Les principes qui me guident sont le perfectionnement personnel et une défense des valeurs éthiques auxquelles je crois. Ce perfectionnement passe par des phases de méditation, dans le silence.



Inspirations de « bonnes » lectures :
  • The Shock Doctrine – Naomi Klein – Actes Sud
  • Jacques le fataliste et son maître – D. Diderot – Folio Classique
  • Vendredi ou les limbes du Pacifique - M. Tournier – Folio
  • Le Troisième Jumeau – Ken Follet – Poche
  • L'élu - Le fabuleux destin de George W. Bush, sa vie, son œuvre, ce qu'il laisse au monde… - Frédéric Lenoir et Alexis Chabert – Vent des savanes

dimanche 13 juillet 2008

Golden Parachute

Un parachute de secours vous laisse descendre à vitesse approximative de 5m/s. Cela peut paraître rapide, 5 mètres parcourus à la verticale en 1 seconde. Pourtant quand on relativise ce n’est que 18 km/h. Mais la perception d’un pilote de parapente/paramoteur est faussée puisqu’il est habitué à atterrir en planant (vitesse horizontale diminuant et vitesse verticale réduite au minimum, presque nulle).
Reprenons un peu de théorie : la vitesse V d’impact suite à une chute libre, pour un homme soumis à la pesanteur sans vitesse initiale, se calcule par la formule avec g l'accélération du champ de pesanteur terrestre (9,81 m.s-2) et z0 la hauteur du corps par rapport au sol.
Il faut ainsi sauter de un mètre trente de hauteur (sans vitesse initiale) pour toucher le sol avec une vitesse proche de 5 m/s (racine de 2 x 9.81 x 1.3). Pour celui qui s’avise de partir de cinq mètres (par ex : les para-commandos), la vitesse d’impact est proche de 10 m/s (racine de 2 x 9.81 x 5). Je vous le déconseille, même à la piscine (sans entraînement) !

Je partirai donc d’un constat simple : une chute de 50 mètres fait tout autant de dégâts qu'une de 2000 mètres. Et quand on y pense, tomber en vol est à la portée de tous. Mais comme disait le grand sage Confucius en son temps « notre plus grande gloire n'est point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons. ». Il ne parlait certes pas d’un homme qui tel Icare se prend à ‘tomber du ciel’. Cependant, pour moi, cette citation prend un sens nouveau lorsque j’évoque (après coup) ma chute de 150 mètres !

Partant du principe simple qu’il vaut mieux être au sol et regretter de ne pas être en l’air que d’être en l’air et regretter de ne pas être au sol, je suis du genre prudent dans mon sport dit ‘à risques’. C’est dans ma nature et cela se reflète certainement dans ma vie professionnelle imprégnée de la culture BCP (Business Continuity Planning), comme un leitmotiv.

Et je me suis toujours dit que si je devais tomber en parapente ou en paramoteur, je préfèrerais tomber de très haut pour avoir le temps de réagir. Force est de constater que 150 mètres suffisent pour disposer d’un espace-temps qui permet la réaction. Encore faut-il exécuter les gestes qui sauvent.
Je n’ai pas été paralysé par la peur, trouvant dans l’action un antidote. La chute ne tue pas, c’est le contact avec le sol qui est douloureux ! La notion de temps est toute relative (comme déjà évoqué dans un post passé), cependant ce court moment vous révèle si vous êtes à même d’agir. Moralement et physiquement.

Alors que j’ai mené différentes réflexions sur le risque (lire le post de décembre dernier ‘No risk, no fun’), je mesure aujourd’hui à quel point quelques précautions élémentaires sauvent une vie. Je pèse mes mots.
Je sais pertinemment que la pratique d’un sport aérien va de pair avec des risques. Quels sont-ils ? Je les classe en 4 catégories.

Matériel défectueux
  • l’aile de parapente est vieille, mal entretenue (sans révision) ou a subi des chocs (fragilisation des suspentes, par exemple)

  • le moteur n’a pas été révisé

  • La visite pré-vol n’a pas été faite

Ce type de risque est réduit si le pilote observe et entretient son matériel selon les règles de l’art.

Mauvaises conditions climatiques
Rester humble face à la puissance des éléments naturels. La concertation avec les personnes qui connaissent le site et ses caractéristiques, l’observation des conditions climatiques, la connaissance de la météorologie et des prévisions locales…tous des éléments qui peuvent inciter le pilote à rester au sol aussi amer soit-il.
Ce type de risque est réduit si le pilote a retenu et compris la théorie météorologique couverte lors du brevet théorique en vue de l’obtention d’une licence.

Manque d’expérience ou de connaissance de règles
Comme dans tout domaine, l’expérience donne de l’assurance. « Voler dans les airs est comparable à une histoire d'amour - non pas du point de vue de l'attirance sexuelle, mais en tant qu'expérience qui enrichit la vie. »[1] . L’expérience se gagne, c’est le résultat du travail et de l’ancienneté. « Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve. »[2]
Cette assurance ne doit cependant pas faire oublier les rudiments de la sécurité. A l’instar du code de la route, un ensemble de règles de priorités sont à respecter en l’air.
Ce type de risque est réduit si le pilote a obtenu son brevet pratique et jouit d’une expérience de terrain.

L’impondérable
Le risque est l’exploitation d’une vulnérabilité par une menace. L’homme n’est pas un oiseau, son périmètre de vie se trouve naturellement au sol. En l’air, il est très vulnérable. Il tombe ! Et avec un peu de hauteur ou de vitesse, « quand on tombe, on ne tombe jamais bien »[3] .
La menace est présente : un problème de santé, un mauvais geste, les autres pilotes, un oubli incompréhensible,…
Par définition, ce type de risque fait partie du sport et sera présent et constant dès que le pilote entreprend la préparation au vol jusqu’au rangement du matériel (en dehors, il n’est plus pilote !).

De mon point de vue, l’accident dont j’ai été victime (lire post Ver-tige) est à classer dans l’impondérable. Certainement animé de reflexes et d’un instinct de survie, j’ai cependant conjuré l’incident de vol grâce à un parachute et à diverses simulations répétées mentalement lors de séances de pliage.

En effet, je pense que la compréhension du mécanisme est indispensable. Le nombre fini d’étapes pour obtenir un résultat probant indépendant des données (l’algorithme en quelques sortes) va de pair avec l’accessoire de survie, en tout cas si l’on veut donner toutes les chances de réussite à ce moment critique.

Et puis parlons en quelques lignes de la gêne liée au poids, au volume, à l’esthétique, au prix, …etc…certains seront bien plus fort que moi pour trouver d’autres excuses et justifieront une liberté. Là je dis non ! Il n’en va pas que de sa sécurité personnelle, il en va également de celle des autres en cas d’accrochage en vol. J’en suis la preuve vivante.

Tout comme le gilet jaune de la sécurité routière devenu obligatoire un peu partout en Europe, c’est voyant, c’est moche, ça ne va avec rien mais ça peut sauver.
Le poids ? Généralement moins de 2,5 kg pour les modèles récents. L’encombrement devient de moins en moins un souci, les équipementiers ayant compris qu’un espace approprié devait être proposé. Le prix ? Je considère qu’il doit être inclus dans l’ensemble de l’achat. Vous viendrait-il à l’idée de demander le prix d’une voiture sans les ceintures de sécurité ? Pourtant, je me souviens qu’il y a trente cinq ans, mon grand-père a payé un supplément pour disposer de ceintures à l’arrière de sa nouvelle voiture. Quelle lucidité à une époque où chacun le voyait comme un équipement proche du superflu. Je me dois d’ajouter qu’il était assureur et respectueux de la sécurité qu’il offrait aux personnes qu’il conduisait.

Messieurs les pilotes d’ULM, je ne pars pas dans une croisade mais cherche ici à partager une expérience. Selon les renseignements que j’ai pu obtenir de la dernière biennale du paramoteur (http://www.mondial-paramoteur-2008.org/ ), moins de 10% des pilotes étaient équipés. Cela reflète-t-il l’ensemble des règles de sécurité que la discipline souhaite prôner ?
En m’exprimant ainsi sur le sujet, je risque de me retrouver tel un missionnaire rejeté à la mer par les calédoniens qu’il s’apprêtait à évangéliser. Pas de souci, je suis riche d’une expérience qu’ils n’ont pas.

En convalescence, je dois maintenant laisser mère Nature réparer mes 2 ‘légères’ fractures avec impaction du plateau vertébral supérieur L2 et L3. Je n’ai aucune lésion traumatique grave, une chance formidable. Repos, allongé la plupart du temps…patience, quelques semaines encore. Le moral est excellent, le physique reviendra.
Pour reprendre Sénèque, en guise de conclusion, « Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c'est dans cette lutte que ses racines, mises à l'épreuve, se fortifient. »

Chaque parachute ouvert à bon escient a plus de valeur qu’un Golden Parachute : cela sauve des vies ! En paramoteur, dans le cas d’une collision en vol, un parachute de secours est vital!




[1] Stephen Coonts Extrait de « The Cannibal Queen »
[2] Confucius
[3] Alexandre Dumas fils, Extrait de Le Demi-Monde

lundi 7 juillet 2008

Ver - tige (au cœur de l’action)


Basse-Ham, samedi 28 juin 2008, approximativement 19h20. Comme plus de 300 pilotes, j’ai décollé pour participer à ce rassemblement et battre un record du monde. Je suis un fidèle de l’événement depuis sa première édition.
Je vole en palier, à approximativement 150m d’altitude. Pas de plan de vol, je me suis lentement éloigné de la zone de décollage. Un vent moyen ne me permet pas d’avancer vite sous ma voile Platinium XL d’Adventure. Mon fidèle F3, qui fête ses 9 ans, ronronne. Je vole paisiblement, content de ma journée.

Soudain, bruit de moteur inquiétant. Je lève la tête et mes yeux découvrent l’impensable. Venant du haut, sur ma gauche, je vois avec effroi un chariot de paramoteur heurter ma voile de plein fouet. Je n’ai eu le temps de rien faire, j’ai seulement aperçu le visage tourmenté de l’autre pilote alors qu’il frappait le bord d’attaque de mon aile. Bruit de déchirement. Le profil de ma voile se casse, littéralement labouré par son moteur qui s’y est accroché. Le stress est à son comble. La situation est grave, je le mesure à la perte de contrôle et la chute qui l’accompagne. Je reste attaché à l’autre aéronef d’infortune, je le sais, je l’entends. Je vois le ciel, le sol, ça tourne. Je DOIS me sauver.

Parachute de secours…oui… je dois m’en servir, pas de place au doute, pas de temps, plus d’hésitation.
Concentrant mon regard sur mon ventre, j’agrippe la poignée rouge.
Fermement décroché de sa base par un geste maintes fois simulé, le pod enfermant la toile blanche du secours est à l’extrémité de mon bras. Tout mon espoir réside dans ce lancé au milieu d’un espace de ciel bleu. Le temps semble s’arrêter.
Je contemple la fine toile se dérouler. Pour moi, Sup Air n’a jamais aussi bien porté son nom de marque. Et je l’ai soigneusement repliée au printemps … tout se déroule comme à l’entraînement !
Bruit de velcro, une sangle claque contre l’arrière de mon casque et…CHOC.
Cà a marché ! Le champignon blanc me retient. Bon, ça, c’est fait.
Je tombe seul. L’autre n’est plus à mes côtés ? Attraper ce qui reste de ma voile…non, je ne la vois pas. Vite éteindre le moteur et sortir de la sellette.
Mais où est le sol ? …houaw…ça va vite, une dizaine de mètres encore, ce sera dans un talus herbeux. Je n’arrive pas à sortir mes jambes de la sellette. Je ne veux pas m’écraser, je dois encore….
Le bas de ma cage a rebondi et je percute le sol sur le siège. Je m’étale, ne maîtrisant plus rien. Un choc, comme électrique, vient de me parcourir le corps. Une rafale de vent gonfle encore un bout de voile qui tire mais ne me traîne pas.Je suis conscient. Je suis VIVANT. Je bouge mes bras, mes pieds…tout semble fonctionner. Soulagement. Je retire mon casque. Mais une douleur me lance dans le bas du dos, me clouant au sol, incapable de bouger. L’autre pilote arrive, il me confirme qu’il n’est pas blessé et s’inquiète de mon état.
Ne plus bouger, attendre les secours.

mercredi 14 mai 2008

Vert IT (vérité)


Chaque année lors de son Symposium IT expo, Gartner[1] livre ses analyses des tendances IT pour les trois à cinq années à venir. Cette année (Barcelone 12-15 mai 2008), six grands thèmes se retrouvent à l’agenda : la redéfinition des organisations IT, l’industrialisation, la connectivité, la socialisation, la globalisation et l’innovation.
Les tendances émergentes sont passées en revue tout en gardant à l’esprit que « la prévision est très difficile, notamment en ce qui concerne l'avenir »[2]. Mais certains indicateurs permettent aux experts analystes de pointer les grandes orientations. Afin de mesurer les différentes vagues, Gartner analyse le tableau sous toutes les coutures depuis trois angles : l’entreprise (tendances à long terme), la technologie (moyen terme) mais également la société (parfois très réactive). Car personne ne s’y trompe, les gens achètent aussi les produits pour des raisons sociales.
Ainsi voit-on maintenant concrètement l’émergence du ‘Green IT’. A l’heure où les industries sont responsabilisées socialement quant à l’impact sur l’environnement de leurs activités, on considère que 2% des émissions de carbone sont issus de la consommation électrique des datacenters et PCs d’entreprise. Pas de quoi faire une révolution mais bien assez pour assurer une évolution du marché. Et il en sera ainsi puisque les CEO invitent leur CIO à mettre une touche de vert dans leurs parcs informatiques. Tout le monde s’y retrouve : les entreprises redorent leur blason en diminuant des indicateurs lourds à porter, les CIO profitent de l’occasion pour renouveler du matériel vieillissant, et bien entendu les constructeurs s’emparent du filon, déclinant par exemple les processeurs à moindre consommation.
Malheureusement, comme le fait remarquer Nick Jones, analyste chez Gartner, il ne s’agit pas tant d’être vert que de montrer que l’on consomme vert ! Et il en veut pour preuve le nouveau sac à commission de la ménagère qui arbore un message du type « ce n’est plus un sachet plastique » ou encore « je pense à la nature ».
Puisqu’il faut faire dans le visible tout en surfant sur le phénomène de société, les sociétés de service trouvent soudain un regain d’intérêt pour des applications telles que la téléconférence en entreprise. Les inhibiteurs disparaissent de la pensée collective si l’on conçoit que le déplacement (voiture, avion,…) sera néfaste pour l’empreinte carbone de l’entreprise. Et la technologie mature aidant la qualité, que reste-t-il aux détracteurs ? En tout cas, cette remise en selle conforte la vision des analystes de Gartner qui rappellent leur célèbre ‘hype cycle’?


La vidéoconférence professionnelle est bien sur la pente montante de l’illumination (enlightenment).

A écouter les analystes de Gartner, on peut se réjouir que le monde IT prend une véritable orientation vers les technologies dites ‘vertes’. D’ici 3 ans, le ‘Green IT’ sera incontournable.

On restera néanmoins plus timoré au regard des mauvaises habitudes que l’on constate sur le terrain. Par insouciance, par négligence ou encore par désintérêt, les utilisateurs laissent leur PC de bureau très souvent allumé 24h sur 24. Et la question qui me vient : faut-il atteindre l’image même de l’utilisateur pour influencer son comportement individuel dans un contexte de responsabilité collective ?




[1] Gartner, INC. Société leader en recherche et conseil pour les technologies de l’information. http://www.gartner.com/


[2] Niels Bohr, physicien danois (1885-1962)

samedi 19 avril 2008

Audience captive


Prendre la parole en public n’est pas simple. Mais comment assurer la mise en valeur du message de fond que l’on souhaite communiquer ? Comment captiver l’audience ? Quel est le secret de ces personnes si charismatiques que chacun admire le temps d’un ‘one man show’ ?
Si l’on repense à une personne qui a marqué l’esprit lors d’une présentation exceptionnelle… immanquablement, on constate une prise d’espace extraordinaire. Cette prise d’espace s’articule sur trois dimensions cimentées par un étayage.


  • La dimension Vocale est essentielle. Une personne qui n’est pas entendue n’est pas écoutée. Les techniques de théâtre apprennent très tôt à prendre d’amples respirations, à travailler la cage thoracique et à diriger ses paroles vers le public. Le timbre quant à lui, véritable couleur du "son vocal", a une importance non négligeable. Je ne me souviens pas personnellement d’avoir apprécié une présentation faite par une personne enrouée, même accompagnée de slides[1] de très bonne qualité.

  • L’argumentaire est ce qui doit vous préoccuper le plus : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement [2]». J’aime à dire que si un message est ‘powerpoint deep’[3], il ne sera bon qu’à vendre du slideware[4]. Le présentateur est vite catalogué (quelques minutes) si son fil conducteur n’a pas rallié l’attention. Comme dans la vente, il faut veiller à couvrir les réponses aux objections, à tenir un discours irréfutable, à ne jamais reprendre des arguments ou des mots gênants. Les animations et les effets humoristiques sont à saupoudrer avec prudence et modération. Je conseillerais au débutant de préférer le marquage sur autre support (par exemple le flip-chart) qui a la faculté de s’incruster dans la mémoire des personnes attentives. Finalement, l’argumentaire nécessite une conclusion solide et mémorisable (succincte, compréhensible et sans nouveau développement).

  • La prise d’espace physique : que ce soir dans le regard, la gestuelle ou la respiration, la présence de l’orateur doit être incontestable. Elle nécessite parfois une préparation mentale. Sans verser dans une typologie abusive, il est parfois utile de s’imaginer boxeur face à son adversaire, le chevalier face au dragon. La peur des premières minutes passera mais il faut s’y préparer en travaillant son introduction. La prise d’espace adaptée (peut-on parler de normalité ?) l’emporte sur un comportement abusif (attention de ne pas regarder les gens de haut) ou, au contraire, rétracté (rien de pire que les mains dans les poches ou encore que des bras croisé).

Mais ces quelques ingrédients ne sont pas les conditions nécessaires et suffisantes pour disposer de la recette et du savoir faire. Il n’existe malheureusement (heureusement) pas un moule tout fait, prêt à dupliquer un modèle d’exception.
La présentation est un art tout en couleur. Et seuls le travail et l’expérience forgent l’artisan.
En parlant d’artisanat, il est bon de se rappeler que les anciens égyptiens écrivaient le mot « artisan » en hiéroglyphe : « celui qui fait vivre ».
Le ciment de cette vie n’est autre que la respiration. Car faire une présentation n’est pas une course et les silences ont parfois autant d’importance que les moments de parole !


[1] Diapositives
[2] Boileau
[3] Powerpoint deep = a la profondeur d’un powerpoint
[4] Par analogie au hardware ou au software ou même à Tupperware !

samedi 23 février 2008

Printemps des Sciences

Du 10 au 15 mars, la Catégorie Technique de la Haute Ecole Robert Schuman (anciennement ISI Arlon), participera pour la huitième fois à l’édition du Printemps des Sciences en Province de Luxembourg.

L'évènement, parrainé par la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et par la Communauté française, a pour but de faire découvrir aux jeunes l’aspect scientifique des divers phénomènes abordés, d’éveiller leur curiosité et de ce fait, de susciter leur intérêt pour les sciences et les techniques.

Deux conférences sont à l'agenda:

  • Lundi 10 mars 2008 à 20h: Motorisation d'aujourd'hui et du futur chez BMW . Technologies permettant la diminution de la consommation d'énergie d'une automobile. Motorisation hybride (combustion fossile associée à l'énergie électrique). Motorisation à l'hydrogène. Conférencier BMW Group Belgium
  • Mercredi 12 mars 2008 à 20h: Choix énergétiques et développement durable. Conférence présentée par Mr Philippe ANDRE Chef de travaux, département des Sciences
    et Gestion de l'environnement de l'ULG.

dimanche 17 février 2008

Lois sociologiques

Chacun sait que « quand la tartine tombe, elle tombe du côté confiture ». Cette loi de la tartine beurrée (c’est son nom) fait partie de ces principes empiriques dont chacun a pu juger la regrettable véracité. Quiconque peut en témoigner car l’existence lui a donné une connaissance qui est le résultat de la douloureuse expérience…
L’évidence de ces lois, dont les plus connues sont la loi de Parkinson[1], celle de Murphy[2] ou encore le Principe de Peter[3], ne nécessite donc en général aucune démonstration (restons humble, de toute façon, pas un homme n’est à même de la faire).

D’autres lois sociologiques ou certaines dérivées, d’une application aussi universelle, sont moins connues. Pris entre vie personnelle et obligations professionnelles, on a tendance à en négliger certaines allant ainsi à l’encontre de principes de précaution élémentaires.
Voici quelques lois qui m’ont semblées intéressantes et en lien avec de nombreux principes d’organisation.

Loi de la Tartine beurrée - Corollaire de Jennings : La probabilité qu’une tartine beurrée soit lâchée au-dessus d’un tapis est directement proportionnelle à la valeur de ce dernier.

7ème corollaire de Murphy : Toute solution comporte de nouveaux problèmes

Le Principe de Peter – Corollaire : Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité

Axiome de Cahn : Quand rien ne va plus, lisez le mode d’emploi

Loi de Gresham : Les choses insignifiantes sont réalisées de suite ; les choses importantes ne le sont jamais

Vingt-septième Loi de Dilbert : La dernière personne à démissionner ou à se faire virer sera tenue pour responsable de tout ce qui ira mal par la suite.

Règle de Falkland : Quand il n’est pas nécessaire de prendre une décision, il est nécessaire de ne pas prendre de décision.

Loi de Malek : Toute idée simple sera formulée de la manière la plus compliquée

Loi de Segal : avec une montre, on sait quelle heure il est. Avec deux montres, on n’est jamais sûr.

Loi de Weiler : rien ne semble impossible à celui qui n’a pas à le faire lui-même

1ere loi de rhétorique : Ne discutez jamais avec un imbécile – les gens pourraient ne pas voir la différence

Loi de la propriété :
1) Si vous conservez une chose assez longtemps, vous pouvez la jeter
2) Si vous jetez une chose, vous en aurez besoin dès qu’elle n’est plus disponible


[1] La loi de Parkinson : « le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ».
[2] Loi de Murphy : « S'il y a plus d'une façon de faire quelque chose, et que l'une d'elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu'un pour le faire de cette façon.
[3] Le Principe de Peter : « Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence. »

dimanche 6 janvier 2008

Structure : que d’ITIL ?

Les structures de l’entreprise sont importantes pour l’analyse de son fonctionnement. Leur description est tout autant importante dans le cadre de la mise en œuvre d’une stratégie organisationnelle et d’une politique de qualité. Ainsi, dans sa troisième et dernière version, l’ITIL (Information Technology Infrastructure Library) définit trois modèles de fournisseurs de services informatiques.

Prenons un par un ces modèles et voyons comment des éléments de services interagissent avec les actifs du client. Gardons à l’esprit que, si tout est bien orchestré, ces modèles doivent générer de la valeur à un portfolio de contrats (internes ou externes).

Le premier type est celui du fournisseur de services internes à chaque unité/département (Type 1 - Internal Service Provider). La gestion des services informatiques rendus fait partie intégrante des unités/services.



Le deuxième type est celui de l’unité de service informatique partagée (Type 2 – Shared Service Unit). Les services sont ici consolidés dans une unité autonome.


Le troisième type est celui du fournisseur de services externes (Type 3 – External Service Provider). Les services informatiques sont délivrés à des clients externes (on peut parler d’outsourcing).



Axés sur la demande, ces modèles ont fait leurs preuves et ont été mis au point par le marché/terrain. Ils n’en sont pas pour autant applicables dans chaque contexte, avec chaque style de direction. Rappelons que structure et type de gestion doivent s’épauler ou du moins être en ligne (lire à ce sujet le post sur les structures matricielles)
Il n’est donc pas question d’après moi de parler de différents niveaux de maturité. Nous avons affaire à la description de solutions répondant à des besoins contextuels, à des choix stratégiques liés à la taille et aux besoins de services.
Evidemment, la croissance d’une entreprise impliquera un certain nombre de changements, d’adaptations organisationnelles nécessaires et le passage d’un type à un autre est alors à considérer. En effet, les problèmes structurels deviennent de plus en plus complexes (ainsi des Multinationales qui sont poussées à la fois de centraliser et de décentraliser). La complexité du milieu remettant en cause les anciennes conceptions d’unicité des structures, l’incertitude ébranlant la stabilité ancienne, un besoin d’agilité poussera naturellement au changement si l’entreprise veut rester compétitive et atteindre ses objectifs de rentabilité.
Une solution structurelle n’est donc jamais LA solution définitive ...